le protoxyde d'azote
Priestley - 1772
Structure du protoxyde d'azote.
Le protoxyde d'azote, également appelé oxyde nitreux, hémioxyde d'azote ou encore gaz hilarant, est un composé chimique de formule N2O.
Ce gaz incolore a une odeur et un goût légèrement sucrés. Il est dit « gaz hilarant » car euphorisant à l'inhalation, d'où son usage comme drogue récréative hallucinogène.
Présent à l'état de traces dans l'air sec (330 parties par milliard), c'est un puissant gaz à effet de serre (298 fois plus puissant que le CO2) et il est devenu le 1er contributeur à la destruction de la couche d'ozone. Ses émissions sont d'origine naturelle et humaine (plus de 20 % d'augmentation dans l'air depuis l'époque pré-industrielle).
Usage comme drogue
Le protoxyde d'azote, légalement vendu dans les commerces de proximité — théoriquement pour des siphons à chantilly — conditionné en bonbonnes ou cartouches d'acier de forme ovale, est (depuis deux décennies au moins) détourné à titre récréatif pour ses propriétés psychodysleptiques.
Selon Garbaz, la toxicomanie au protoxyde d’azote est restée longtemps rare, ne touchant d'abord que des employés du monde hospitalier ou médical, puis un nombre croissant de jeunes adultes et adolescents, voire d'enfants. En s’étendant ainsi au grand public (via la grande disponibilité de cartouches à bas prix), « elle expose à la survenue d’accidents et d’effets indésirables non connus ». Ce détournement du protoxyde d'azote est avéré aux États-Unis et au Royaume-Uni depuis le début des années 1980 et en France depuis 1996/1998 (premiers cas signalés par le centre antipoison de Marseille), dans les milieux étudiant notamment.
S'il est pris seul et très épisodiquement, le protoxyde d’azote ne représente pas un risque d'addiction : le N2O fait rire, son effet est de relativement courte durée et il n'induit généralement pas de dépendance. Ce n'est cependant pas un produit anodin. Il est source d'une forme d'anémie particulière, d'atteintes neurologiques (poly-neuropathies, d'ataxies, c'est-à-dire troubles de l'équilibre, problèmes de coordination motrice). Et selon les statistiques anglaises collectées par un rapport de l'université de Londres (cité par le quotidien The Independant), en six ans de 2006 à 2012, dix-sept jeunes Britanniques sont morts après avoir consommé du gaz hilarant, dont six par asphyxie (hypoxie).
Toxicologie
Les effets d'une exposition chronique à de faibles doses sont mal connus, mais ont été étudiés pour certains métiers exposés (anesthésistes en salles de chirurgie par exemple).
À forte dose, il provoque des effets neurologiques (polynévrite avec spasticité) et une anémie macrocytaire, avec réduction du taux de vitamine B12circulante. Smith, dans une revue des risques sanitaires chez le personnel hospitalier, rappelle qu'il s'agit d'un poison mitotique, qui a été rendu responsable de tumeurs du système lymphoïde et du système réticulo-endothélial chez le personnel intervenant en salle d'opération (avec échanges entre chromatides sœurs) chez lequel on a décrit diverses atteintes cytogénétiques (problèmes également posés par l'exposition à d'autres anesthésiques).
Le protoxyde d'azote à haute concentration peut tuer par asphyxie (due à un manque d'oxygène) ; le mélange anesthésique contient toujours au moins 21 % d'oxygène (soit la proportion d'oxygène de l'air ambiant, et jusqu'à 50 % dans le cas du MEOPA).
L'usage détourné et prolongé de protoxyde d'azote présente, outre des risques d'asphyxie, des risques de complications médicales pour le nouveau-né en cas d'usage durant une grossesse.